lundi 17 décembre 2012

L'Homme qui voulait tuer le temps par Raphaël Coelho

Encore une heure à tuer... Ce soleil de plomb m'a achevé... J'aperçois cette jambe nue dépasser de l'horloge du quai de la gare. Cette peau douce et claire que je ne peux m'empêcher de caresser du regard, si seulement je pouvais, ne serait-ce, que l'effleurer... Je sentirais les frissons qui parcoureraient sa cuisse tandis que sa chair, cette douce chair, se raffermirait sous mon doigt, et les pores de son frêle épiderme se fermeraient en un instant comme pour repousser ce viol, tandis que ma victime ne sentirait qu'un courant d'air, une caresse sur son mollet.
Je vois son visage sortir son nez, ses lèvres pulpeuses et saillantes me provoquent. Comment ne pas résister à l'envie de les frôler des miennes, juste pour y goûter, tandis que je planterais mes crocs dans le rebondis de cette peau rose et humide, tout en caressant son dos de mes griffes acérées. Je m'imagine en train de la prendre, de la punir d'avoir réveillé la bête qui est en moi, de lui faire subir la tension sexuelle que sa beauté provoqua en moi.
Elle se retourne et me regarde. J'ai honte et aie l'impression d'avoir été surpris dans un pur moment d'intimité incommode. Elle se rapproche, me regarde droit dans les yeux et ouvre la bouche pour dire quelque chose. Je rougis:
« Excusez-moi Monsieur, ce train va-t-il bien en direction de Paris? »
Je m'étouffe en avalant ma salive et essaie de contenir ma toux. Je me râcle la gorge et répond:
« Et bien oui, tout à fait mademoiselle. » Esquissant un sourire gêné.
« Merci Monsieur le contrôleur. Bonne journée! »
Elle se retourne et s'éloigne. J'imagine son déhanché provocateur, ses talons claquant au sol et sa jupe battant de gauche à droite à chacun de ses pas, laissant apparaître tantôt sa cuisse droite, tantôt sa cuisse gauche, histoire de ne pas trop en dévoiler d'un coup, mais en dévoiler peu à peu de manière bien plus érotique et sentant l'interdit. J'imagine tout celà mais je m'empêche de regarder.

Encore 45 minutes à tuer... Cette journée de travail m'a épuisé... La dernière heure est toujours interminable; comme si le temps se dilatait juste pour nous faire endurer un peu plus longtemps notre calvaire. L'horloge de la gare ne semble pas vouloir bouger d'un poil et moi non plus.

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