mercredi 20 mai 2015

Métropole par Raphaël Coelho




Je danse et furibonde à chacune de tes torgnoles
Je m’écrie et m'effondre en contemplant ton auréole
Le bruit, la pluie et ces putains de bagnoles,
Les damnés inféconds dans leurs vapeurs d'alcool.

Aristote, Sade, Noir et Renoir,
Chiottes crades, trottoirs et décrottoirs.
Ta nonchalance me peine, ton intransigeance m'assène
Mon intelligence me pèse, ton odeur rance me baise
Tes pistons s'engrenaillent et crachent leurs effluves,
Qui au-dessus de tes toits et nos vies posent la scène
Le décor du quotidien qui rythme nos excuses,
Fait que tout un chacun se gronde et se taise.
Alors ce qu'il nous reste dans ce silence c'est la haine
Et le bruit des moteurs qui crachent leur fumée noire
Insipide et lourde comme le poids du désespoir

Comment te retrouver, toi qui m’as tant fasciné ?
Disparue dans les souvenirs, tu n'appartiens désormais,
Malgré mon défunt désir, plus qu'aux limbes du passé.
Ma belle, ma grande, ma tonitruante et tentaculaire
Qu'es-tu devenue aujourd'hui découpée par les RER ?

Ma ville, ma belle, je te traverse en ton sein
Mais mon désir pour toi est aujourd'hui incertain
Telle la faim du prédateur sombre, il demeure insatiable
Car nostalgie de l'âme, de la poésie et la fable.

Nous sommes seuls désormais dans ces ruines de nos vieilles croyances,
Lorsque je t'aime et t'écris ce n’est plus à toi que je pense.
Ton âme t'a quittée, tu t'es prostituée, il ne reste aujourd'hui que l'espoir d'un Babel,
Déjà effondré sur nos têtes alarmées, un amas de débris sur lequel, faute de mieux, on danse.
Egouts, dégoût, façades maussades, grisaille et ferraille croisent les poubelles
De bout en bout,  la brigade de la rocade tiraille, déraille et écrase en ritournelle.
Fantasmes fantasques et espoir de revoir ta gloire dans un cliché d'argent
Spasmes et claques, le soir noir et dérisoire s'est couché irrémédiablement.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire